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Pourquoi partir ? Qu’est ce qui t’a donnée envie de partir ?

Pourquoi partir ? Qu’est ce qui t’a donné envie de partir ?

C’est vrai que c’est le genre de questions que l’on pose régulièrement à ces gens un peu plus fous que les autres qui entreprennent de tels voyages.

Pour ma part, les raisons sont nombreuses et il m'a fallu un temps fou pour y répondre. Pour être franche il m'a fallu un temps fou pour le comprendre moi même!! Mais maintenant je suis fière de dire que toutes mes raisons se comprennent en deux phrases.

-Dans la vie toutes tes certitudes ne seront jamais que des probabilités.

- « Dans la vie contrairement aux échecs la partie continue après échec et mat. » Isaac asimov

Un matin, j’ai réalisé que je ne savais juste plus pourquoi je me levais. Je n’avais plus aucune idée de ce qui m’animait. Qu'est ce que j'aime ? Où je vais ? Qu'est ce que je veux faire ? Qu'est ce qui me fait plaisir ? Qu'est ce qui me fait envie ? ... Rien... Aucune réponse ne me venait en tête. Comme si quelqu’un était parti avec tous mes projets d’avenir sous le bras et avait appuyé sur le bouton « delete ». Lorsque tu te retrouves là, face à un avenir incertain avec plus aucun plan de bataille. Tu dois juste retrouver le goût de tout. La seule métaphore que j’utilisais pour définir ce que je ressentais était celle de l’orange. Non pas une belle orange, bien grosse et juteuse non, plutôt celle coupée en deux et déjà pressée à qui il ne reste plus ni chair ni jus. Comme s’il ne me restait plus rien à offrir à personne, pas même à moi. Je finissais en disant que j'avais besoin d'air et de soleil pour redevenir une orange digne de ce nom.

Je ne pense pas que l’on puisse parler d’une « envie » de partir, c’est plutôt un « besoin ». Un truc qui sort du plus profond de nos tripes, comme une évidence, une fatalité! J’ai compris récemment cette expression pourtant bien connue « comme une envie de pisser ». Au début tu arrives à oublier et penser à autre chose et puis plus le temps passe, moins tu y arrives. À un moment cela devient ta seule priorité, comme une question de survie puisque c’est la seule chose que tu as en tête et que cela ne s’en ira que lorsque tu auras enfin réalisé cette « envie ». Certains penseront que c'est une fuite, mais bien au contraire, c'est une nécessité de changer, d'évoluer!

"on a tous peur du changement. On se contente d'une vie sans bonheur parce qu'on a peur du changement, peur que tout tombe en ruine. ... puis j'ai regardé ce bâtiment, ... le chaos qui l'avait secoué. Comment il avait été transformé, brûlé, pillé et puis avait trouvé le moyen de se remettre debout. Et puis je me suis senti rassurée. Ma vie n'a peut être pas été si chaotique. C'est peut être le monde qui l'est et le seul véritable piège est d'avoir un quelconque attachement à lui. La ruine est un cadeau, la ruine c'est la voie de la transformation." mange prie aime. Je devais partir, voir le monde pour me retrouver moi. Partir aussi loin que mes pieds pourraient m'emmener. Marcher jusqu'à m'en épuiser. J'ai souvent l'impression d'être une enfant face à l'adversité. Touchée et traversée de part en part par tout les évenements de la vie. Ils laissent tous une trace telle une marque indélébile qui changera à jamais la suite de mon parcours. J'ai choisi le voyage comme exutoire. Le monde sera à jamais la plus belle des gommes pour effacer les douleurs et le plus beau des crayons pour continuer d'écrire mon histoire. Quoi de mieux que de s'émerveiller devant l'immensité et de nous retrouver tellement minuscule face au monde pour nous faire oublier tout le reste. La vie est pleine de rencontre, j'ai envie que ma plus belle rencontre soit ma rencontre avec moi même.

Je connais mon but, le voyage ne restera que mon moyen d'y parvenir. Mon ébauche de "moyen" trouvé, je devais définir les grandes lignes de ce beau voyage et long chemin à la découverte de moi-même. Pour commencer, il me fallait un projet! Un truc qui me donne envie de me lever tous les matins, un truc qui me rende fière parce que je le verrais évoluer; et,?plus gratifiant encore, je le ferais évoluer. Mais, plus significatif, un projet qui concrétise un peu cette envie complètement folle. Il en faut de la force, de l'énergie et de la volonté pour (malgré tout ce que vous pourrez entendre et toutes ces choses qui vous feront douter) tenir bon et avoir quelque chose sur lequel vous reposer. Quelques chose qui vous rappellera chaque instant que malgré tous vos doutes, surtout tous leurs doutes, vous, vous n'avez pas de doutes!

Le camion a été ce premier projet. J’ai longtemps dit que je le faisais pour rassurer mes parents et qu’ils soient sûrs que j’aie toujours un toit sur la tête (pour qu’ils s’inquiètent moins). Aujourd'hui, je sais que j'avais bien plus peur qu'eux de quitter tous mes repères pour partir dans l'inconnu. Qu'il me faudrait pouvoir ressentir n'importe où un sentiment de chez soi. Quoi de plus efficace pour le coup que de se faire un chez soi pour partir avec ? Je ne me suis pas facilité la tâche avec ce camion et j'en ai causé du souci, qui m'ont valu de verser mon lot de larmes. Mais, quoi qu'il en soit, le temps, l'investissement et le travail ont abouti à "Tango".

Un renault master qui me servira de maison aussi longtemps que je le pourrai. En effet, c'est effrayant de tout quitter, mais je crois que j'avais encore bien plus peur de me rendre compte que ça ne me plaise pas. Tu sais, le moment d'hésitation avant la phase finale d'un projet. Qu'est ce qui se passe si ça foire ?

En parlant de ça, tiens! S'inquiéter ... c’est le sujet de bien d'autres questions récurrentes! Ça ne t’inquiète pas de partir toute seule ? Surtout une fille seule, tu ne dois pas être rassurée! A vrai dire, ce genre de phrases m'énervent. Certaines sont pourtant dites très sincèrement et gentiment mais, par les temps qui courent, pourquoi serais-je plus en sécurité dans un endroit plus qu’un autre ?

Et puis, lorsque tu entreprends ce genre de voyage, tu n’as pas de place dans tes valises, aussi grosses soient-elles pour y mettre ce genre de sentiment ! Bien sûr que tu n’es pas rassurée tous les jours, mais la peur et l’inquiétude, tu les laisseras très volontiers à tes proches qui se chargeront parfaitement d’eux. Ce départ est un besoin, tu ne peux pas en avoir peur! C'est un peu comme si on te demandait si tu avais peur de respirer. Ça t'est tellement nécessaire que la question paraît ridicule. Si tu es animée, par la peur tu ne passeras jamais le pas de ta porte et de ta zone de confort pour foncer vers l'inconnu. Tu auras tellement d’autres choses avec lesquelles vivre au quotidien. Tu les connais déjà mais il te faudra les redécouvrir, comme si leurs définitions avaient changés. La solitude, la joie de parler toute seule, le stress, la fatigue, la flemme, la motivation, l'émerveillement ... et les larmes.

Oh mes larmes ! Je crois que je n’ai jamais autant pleuré que ces deux dernières années. On dit que les yeux sont le reflet de l’âme, j’en conclue que les larmes ne sont que le reflet d’un trop plein d’émotions. Pleurer de douleur, de stress, d’anxiété, mais aussi de joie et de rire. Je me suis retrouvée là à pleurer devant un lac gelé sans comprendre pourquoi. Ce n’est que de l’eau qui a gelé parce qu’il fait froid ! Oui le spectacle est grandiose, mais bordel tu pleures ! J’en suis arrivée à me comparer à un geyser islandais qui passe son temps à pleurer mais qui ne sait jamais vraiment quand cela va arriver.

La solitude rend fou ? Non… elle rend juste schizophrène. Étrangement, comme si m’entendre penser continuellement n’était pas suffisant, certaines fois je me vois éteindre la musique pour parler à voix haute, je ne sais pas si cela permet de mieux réfléchir mais, quoi qu’il en soit, je passe mes journées à discuter avec moi-même ; et certaines fois, je m’étonne même d’avoir tant de conversation. Ce qui est drôle, c’est que j’arrive à me disputer avec moi-même. Non pas parce que je ne suis pas d’accord avec moi-même mais juste parce que cela anime un peu plus le débat! C'est vrai après tout, c'est chiant d'avoir toujours raison! Mais bref, tout ça pour dire que j'ai trouvé ces réponses lors de l'une de mes discussions philosophiques avec moi même, et qu'est ce que c'est enrichissant de pouvoir enfin y répondre!

Bon je sais et je m'en excuse, je m'éloigne peu à peu de la question initiale... Mais il y a certaines "choses" dont on doit se défaire pour pouvoir partir sereinement. J'ai récemment (oui, après plus de trois mois de voyage) demandé à mes parents s'ils seraient déçus de moi si je rentrais avant la date que j'avais prévue. J'oublie certaines fois que le voyage n'est que le moyen et non le but. Bien entendu, ils m'ont répondu que non, et qu'ils étaient très fiers de ce que j'avais déjà accompli. Je me suis rendue compte (peut-être est-ce dû à mon âge) que la fierté de mes proches reste un élément malgré tout essentiel duquel je n'arrive à me défaire.

Tout ça pour dire que cette question (aussi banale soit-elle) nous fait des nœuds au cerveau! On a l'impression que cette question est simple, "pourquoi tu es partie ?" et pourtant la réponse à cette question mérite une histoire à chaque départ. Ils sont de plus en plus nombreux à essayer d'analyser ce qui nous pousse à partir. Ils sont nombreux à essayer de décrire l'indescriptible. Nous sommes de plus en plus nombreux à écrire des "blogs" en espérant peut-être que notre histoire pourra résonner en quelqu'un et lui permettre de comprendre plus rapidement et peut être moins douloureusement ce que nous avons appris avec pertes et fracas.

"on ne comprend pas toujours ce qui nous fait partir. Ce souffle du large qui nous traverse soudain et nous emmène en grand voyage. On sait encore moins que l'on va souvent, alors, au bout de ses illusions" Lanzmann

"[Comme on le sait, partir, c'est mourir un peu ... cela] dépouille, désoriente, [entraine la] perte de l'image rassurante que l'on s'était faite du monde, [réduit] les certitudes " Deluz Le voyage est une drogue. Un virus que je souhaite à tout le monde d'attraper.

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