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J'ai peur de rentrer

En ce moment on me demande : "Quand est ce que tu rentres? Si tu rentres!"; "Comment ça tu ne seras pas là pour Noël? Mais on te revoit quand ?".

Je suis partie en me disant que ça ne durerait que 6 mois. J'ai appelé ce trip "le voyage d'une vie", très loin d'imaginer que ce ne serait qu'un long voyage révélateur dans ma vie. J'ai hésité à repartir seule après ma "séparation" avec ma coéquipière du début (j’explique cette histoire dans l'article "tu pars quand même"). Pour ne pas dire que j'ai failli ne pas repartir du tout.

Et maintenant ? 5 mois après?

20 000 Km plus loin ? Je suis en Finlande en train de commencer un stage pour inventer des douches infinies pour les vans (rien que ça ^^). Je suis heureuse et profite, mais j'ai déjà en bouche ce petit goût d'amertume car ce stage annonce déjà la fin de ce long voyage! Je prends le temps de trier mes photos et me rends compte que je les regarde déjà avec nostalgie. Je ne suis pas encore rentrée que je n'attends qu'une chose: repartir encore et encore.

La vie sur la route est une vie bien différente des autres mais tellement enrichissante! Comme certains diraient "l'essayer c'est l'adopter !". C'est tellement étrange ce sentiment de reconnaissance que j'ai envers je ne sais pas qui, pour avoir eu la chance de vivre cette aventure. Je suis fière en découvrant sur une carte tout ce que j'ai déjà parcouru et pourtant, j'ai conscience que cette image ne montre que des distances parcourues, ce qui est très loin de représenter les leçons de vie que j'ai eues sur le chemin. Très loin de représenter tout ce que ce voyage m'a réellement apporté.

Je vais revenir avec un album photo bien rempli et très certainement de très jolis souvenirs à me remémorer pour les jours pluvieux de ma vie (comme dirait ma maman).

Pourtant, je sais qu'au fond, tout ce qu'il y a en dedans, comme la face cachée de l'iceberg (impossible à décrire pour le moment) est ce qu'il y a de plus important dans ce voyage, de plus gratifiant et de plus addictif.

En voyage, il y a ce qu'on voit avec les yeux, ce que l'on peut décrire et ce que l'on ressent, ce qui nous bouleverse et nous transperce. "Comme tous les grands voyageurs, j'ai vu plus que je me souviens et je me souviens de plus que j'ai vu" benjamin disraeli

Je sais que je redoute déjà de rentrer... comme si le quotidien normal était un peu une nouvelle destination et mon nouvel inconnu. Je l'ai toujours connu et pourtant c'est ce qui m'effraie le plus aujourd'hui! Bien sûr que je serais contente de retrouver mes proches! Je verse ma larme à chaque fois que j'entends "la terre est ronde" d'orelsan (Au fond je crois que la terre est ronde pour une seule bonne raison, après avoir fait le tour du monde, tout ce qu'on veut c'est être à la maison!).

Je les imagine tous en train de m'attendre à la maison et cette image me fait sourire et même rêver certains jours. Mais, quand on rentre, tout redevient en un instant comme si nous n'étions jamais partis. J'ai peur de ce que j'ai toujours connu, comme si j'avais peur d'oublier tout ce que j'ai appris. C'est pourtant impossible...

J'ai l'impression que le retour à la vie "normale" ne sera qu'une pause dans ma nouvelle vie. Je prévois déjà de repartir une fois diplômée pour une durée indéterminée cette fois-ci. À la conquête de l'Est ? de l'Ouest ? des USA? du monde ? Jusqu'où peut-on aller en camion ? J'en suis à rechercher comment emmener Tango en Australie !

Je me demande de plus en plus comment vivre normalement lorsque l'on à vécu l’impensable ? [Le BON impensable : l’émerveillement de tout, l'émerveillement pour rien, le déracinement et l'attachement en même temps, la solitude, les rencontres, les galères, les histoires improbables, etc. ]

Je n'ai jamais correspondu à aucun stéréotype, ne suis jamais rentrée dans aucune case "normale" sans que l'on m'y ait faite rentrer aux forceps.

Et maintenant? Maintenant que je me sens encore plus différente et difforme (dans le bon sens du terme hein!). Comment vais-je pouvoir rentrer dans ces cases qui n'ont pas évolué, qui n'ont pas changé et qui n'ont rien de nouveau à me promettre que la normalité/ banalité... ?

Le voyage décuple les saveurs, j'ai peur de trouver la normalité beaucoup trop fade à présent! Pourtant, il suffirait de profiter de cette "normalité" qui est la nôtre à travers les yeux d'un inconnu. S'émerveiller des choses qui ne nous émerveillent plus parce que nous les connaissons trop.

J'ai été gravement touchée par le virus du voyage. Je suis un junkie et je n'ai nullement l'intention de me soigner !


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